Histoire de la Naturopathie

Notre santé nous préoccupe un peu plus chaque jour, et nous prenons conscience de tout ce qui peut perturber le fragile équilibre qui nous maintient en bonne santé. Alimentation frelatée, stress répétés, pollutions environnementales, diminuent irrémédiablement le capital santé que nous recevons tous, au début de notre vie. Bien sûr les virus et les bactéries, de plus en plus difficiles à éradiquer, déclenchent les maladies que nous connaissons, mais cette situation n’a-t-elle pas existé depuis l’aube de l’humanité ? L’Homme n’a-t-il pas sans cesse mené un combat pour sa survie et son évolution ? Depuis toujours, il a su se protéger, se prémunir et se défendre contre ces agressions, aidé par d’autres hommes passés maîtres dans l’art de soigner, connaissant parfaitement l’être humain et son environnement.

Les Fondements Anciens de la Naturopathie

Ces guérisseurs, sorciers, shamans ou prêtres-médecins, tenaient compte de tous les éléments constituant l’être humain : le physique, le psychique, l’émotionnel et l’énergétique. Ils considéraient également les influences environnementales comme les saisons, les cycles lunaires, les rayonnements électromagnétiques de la terre et du cosmos. Ces hommes soignèrent pendant des millénaires, transmettant leurs connaissances par la tradition orale ou écrite à travers de nombreux traités. Leur présence est attestée dans des civilisations aussi différentes que celle de la Chine antique, de l’Inde védique, de l’Égypte antique ou de la Grèce antique ainsi qu’à Sumer, parmi les esséniens, les aborigènes d’Australie, les amérindiens, les shamans d’Asie centrale ou les sorciers africains.

Dans notre histoire plus récente, des hommes et des femmes, comme Hippocrate, Galien, Paracelse, Hildegarde de Bingen, Hahnemann, Steiner ou Bach, furent des maillons importants de cette tradition en l’enrichissant de leurs découvertes.

Depuis 150 ans environ – si peu de temps finalement, au regard des cent cinquante mille ans de l’histoire de l’humanité – l’approche moderne occidentale de la santé et de la maladie a pris une voie radicalement différente et étonnante, rejetant une grande partie de cet héritage ancestral. Ne se souciant plus que du corps physique et se basant principalement sur l’observation de l’homme en tant qu’être biologique et physico-chimique, l’homme moderne venait de franchir un nouveau pas avec cette vision mécaniste de la vie. Tout phénomène naturel ne peut s’expliquer que par les lois de cause à effet, où tout ce qui n’est pas observé et justifié par l’analyse, les relations entre les parties et les phénomènes mécaniques clairement objectivés ne peut être pris en considération. Le pragmatisme de cette conception a permis, grâce à la biologie et à la physique, une meilleure compréhension du vivant et de l’Homme. Mais n’est-ce pas au détriment de l’approche plus traditionnelle qui prend en compte le contexte en perpétuel changement et l’adaptation nécessaire à l’évolution ? L’être humain n’est pas une machine isolée de son contexte, les phénomènes constatés dépendent de l’environnement. Cela donne une autre perspective à tout ce qui est observé, la santé comme la maladie prennent alors un tout autre sens. Il ne s’agit plus seulement de réparer ou de maintenir en état de marche, il s’agit de comprendre quels sont les phénomènes, intérieurs et extérieurs qui entrent en jeu lors d’un dysfonctionnement biologique. Cela permet de comprendre l’Homme dans sa globalité, sans dissocier le physique, du psychique, de l’émotionnel, ou de l’énergétique. Les effets pervers de l’approche moderne ont eu pour conséquence de s’intéresser de plus en plus aux effets et aux mécanismes de la maladie, plutôt qu’à ses causes. La naturopathie et les médecines non conventionnelles (homéopathie, anthroposophie, médecine traditionnelle chinoise…) se penchent beaucoup plus sur la cause que sur les effets.

L’Opposition de Deux Courants : Holistique vs Mécaniste

Depuis cette scission, deux courants s’opposent alors qu’ils auraient dû se compléter. L’approche holistique (du grec holos = entier) qui appréhende l’être humain dans sa globalité, au sein de son environnement et l’approche moderne occidentale, mécaniste, parfois réductrice.

La Naturopathie : Une Approche Préventive et Holistique

L’hygiénisme des premiers jours et son évolution moderne, la naturopathie, s’inscrivent bien évidemment dans une démarche holistique. Toutefois il s’agit d’une troisième voie qui ne prétend pas agir directement sur la maladie et ses symptômes mais sur les causes de celle-ci, en intervenant à titre préventif sur l’hygiène de vie et l’alimentation pour maintenir l’état de bonne santé. Lorsque la maladie est installée, la naturopathie joue un rôle d’accompagnement en soutien de la thérapeutique choisie par chaque individu.

La Prévention et l’Hygiène de Vie

Avant la maladie, il y a donc la santé, cela semble une évidence, mais nous avons souvent tendance à l’oublier. Nous ne nous préoccupons de notre état physique ou mental que lors d’un dysfonctionnement, lorsqu’apparaissent les premiers symptômes de la maladie.

La prévention et l’hygiène de vie sont très souvent ignorées, une révision de notre mode de vie n’est envisagée que lorsque le pronostic est très défavorable ou après un grave accident de parcours. Pourtant, c’est bien avant qu’il faudrait s’en préoccuper, mais il est vrai que notre culture ne nous y prépare guère. Dans nos pays avancés socialement, les systèmes de santé croulent sous le poids de déficits abyssaux et ils sont de plus en plus difficiles à maintenir. Plutôt que de tout miser sur la gestion de la maladie, ne serait-il pas plus judicieux d’envisager une politique de prévention où l’hygiène de vie et l’éducation à la santé prendraient une place beaucoup plus importante qu’à l’heure actuelle ? Voici un article sur l’aromatherapie qui peut vous interesser.

La Proposition de la Naturopathie

Prendre sa santé en main afin d’éviter ou de repousser le plus loin possible la maladie, par une meilleure connaissance du vivant et par l’application de règles simples d’hygiène vitale, c’est ce que propose la naturopathie en s’appuyant sur des techniques majeures comme la diététique (dans un sens très large), l’exercice physique et la gestion des émotions.

L’Hygiénisme : Fondement de la Naturopathie

La naturopathie tire son origine du courant hygiéniste qui prit naissance aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, et qui se basait sur la théorie hippocratique de l’altération des humeurs.

Isaac Jennings, Sylvester Graham, Henry Taylor, John Tilden et Herbert Shelton en furent les principaux représentants. Il faut également signaler l’apport de Florence Nightingale (1820-1910) qui fut à l’origine d’une éducation à la prévention qui donna plus tard naissance aux concepts d’hygiène hospitalière et de soins infirmiers.

Le docteur Shelton (1895-1985) et ses adeptes, jusqu’à nos jours, ont approfondi et transmis ces connaissances par des livres, des brochures, des revues. Ils animèrent des conférences, des séminaires et ouvrirent des sanatoriums, appelés plus tard centres de santé. Ces lieux de cure, destinés à prévenir et guérir par des moyens exclusivement naturels, sont aujourd’hui remplacés par des centres de naturopathie ou d’hygiénisme et des espaces de santé.

1 19,6 milliards d’euro de déficit pour un budget de 572 milliards d’euro en 2022. Sécurité sociale 2023 – mai 2023 Cour des comptes –
www.ccomptes.fr – @Courdescompte
2 Hippocrate de Cos, célèbre médecin de l’Antiquité grecque, 460 à 377 av J.C..

3 BICHAT Francois-Xavier , (1800), Recherches physiologiques sur la vie et la mort (première partie) et autres textes, Paris,
GF, 1994.

Le vitalisme et la force vitale

Le vitalisme (du latin vita = vie) est la capacité que possède tout être vivant, et l’Homme bien sûr, à développer des fonctions organiques mais aussi psychiques, sous l’influence d’un principe vital ou force vitale, dont seuls les effets peuvent être constatés.

Exemple de la fièvre comme manifestation de la force vitale

La fièvre peut être considérée comme une manifestation de cette force vitale : plus elle est élevée et plus le principe vital est puissant. L’enfant qui en principe est censé posséder une bonne force vitale peut présenter une forte fièvre dont l’amplitude peut très rapidement augmenter alors qu’une personne âgée, si elle n’a pu préserver son capital vital tout au long de sa vie, peut connaître des épisodes de fièvre plus longs avec une température moins élevée.

La force vitale et ses manifestations

La force vitale se concentre sur un mécanisme particulier : l’élévation de la température dont on sait qu’elle peut être salvatrice pour l’organisme tant qu’elle est contrôlée et surveillée. Le principe vital n’est pas directement observé, seule sa manifestation l’est. D’un individu à l’autre, les manifestations de ce principe seront très différentes, selon sa constitution, son hygiène de vie et les diverses sollicitations quotidiennes qu’il subit.

Origine et développement du vitalisme

Cette théorie du vitalisme fut élaborée au XVIIIe siècle, notamment par Marie François-Xavier Bichat, de l’école de médecine de Montpellier, pour s’opposer au mécanisme de Descartes. Sa pensée peut se résumer par la définition qu’il donnait de la vie : “La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort”.

Force formatrice selon Kant et lien avec le vitalisme

Kant explique aussi ce qui différencie la force mécanique de ce qu’il nomme “force formatrice” et qui peut s’apparenter à cette notion de force vitale. Nous l’enseignons dans nos formations de naturopathie. Il mentionne : “Ainsi un être organisé n’est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force motrice ; mais l’être organisé possède en soi une force formatrice qu’il communique aux matériaux, qui ne la possèdent (il les organise) : il s’agit ainsi d’une force formatrice qui se propage et qui ne peut pas être expliquée par la seule faculté de mouvoir (le mécanisme).”

Critiques du vitalisme face à la biologie moderne

Cette théorie du vitalisme, qui trouve son origine dans la pensée aristotélicienne, résiste peu à l’épreuve de la biologie moderne qui explique nombre de phénomènes dans l’organisation du vivant.

Place du vitalisme en naturopathie

La naturopathie s’appuie sur cette notion fondamentale de force vitale pour évaluer et renforcer cette énergie vitale chez les individus par des moyens naturels comme une alimentation appropriée, la gestion du stress et l’hygiène de vie.

Le vitalisme et la naturopathie

En conclusion, même si la biologie moderne apporte des éclaircissements sur les processus vitaux, l’explication complète de ce qu’est la vie, son origine et la cause de sa manifestation restent un mystère. La vie se cache derrière le vivant, comme un principe, un moteur, un élan qui assure le mouvement, la dynamique. Cette énergie, assimilée à la “force vitale”, est essentielle à la manifestation de tout être animé, de la plus petite cellule au plus complexe des organismes.

La naturopathie et les humeurs dans l’hygiénisme

L’humorisme, inspiré de la doctrine d’Hippocrate et de Galien, souligne l’importance des humeurs dans l’organisme et est un pilier de la naturopathie moderne.

Approche causaliste et naturopathie

Le causalisme, troisième principe cher à l’hygiénisme, considère que toute manifestation est un effet qui dépend lui-même d’une cause à laquelle il est indispensable de remonter, principe également appliqué en naturopathie.

De l’hygiénisme à la naturopathie moderne

La naturopathie, issue du courant hygiéniste, a évolué pour intégrer des pratiques modernes basées sur les découvertes en biologie et dans d’autres sciences du vivant, tout en conservant ses fondements historiques.

Influence environnementale et naturopathie

La naturopathie prend également en compte les influences environnementales sur la santé, visant à équilibrer les interactions entre l’homme et son environnement.

La naturopathie contemporaine

En somme, la naturopathie contemporaine utilise des méthodes naturelles et une approche holistique pour préserver et restaurer la santé, tout en tenant compte des défis modernes liés à l’évolution rapide de nos sociétés.

4 Bichat Francois-Xavier (1800), Recherches physiologiques sur la vie et la mort,
Première partie, art. I, § 1 :  Division générale de la vie , in : Recherches physiologiques sur la vie et la mort (première partie) et
autres textes, Paris, GF, 1994, pp. 57-59.
5 Kant Emmanuel, Critique de la faculté de juger, § 65 :  Les choses en tant que fins naturelles sont des êtres organisés »,Paris,

Vrin, tr. A Philonenko, pp. 192-194.

6 Dominick Léaud-Zachoval «  Guérir la civilisation pour guérir l’homme – Le défi sanitaire des générations futures » ? Trédaniel , Paris ,
2022

Devenir naturopathe

Devenir naturopathe

Devenir naturopathe
Pourquoi choisir notre formation
En présentiel ou en format hybride ?