L’aromathérapie en naturopathie

La naturopathie intègre dans sa pratique l’aromathérapie afin de rééquilibrer le terrain, de renforcer les défenses naturelles, de soutenir et de mobiliser l’énergie vitale (système nerveux, glandes surrénales…) et de favoriser l’élimination des surcharges toxiques accumulées dans l’organisme. Les huiles essentielles font partie du champ de la phytothérapie, l’une des techniques naturelles les plus utilisées en naturopathie.

Un peu d’histoire

Depuis des millénaires, l’usage des huiles essentielles est attesté. On sait aujourd’hui qu’elles étaient utilisées dans l’Égypte antique, pour l’embaumement des momies. Leur pouvoir antibactérien permettait d’éviter les fermentations et les putréfactions.

A partir de la découverte, ou de la redécouverte de la distillation par les Arabes, au Moyen-âge, l’usage des huiles essentielles en thérapeutique se répandit très vite.

Le terme d’aromathérapie fut inventé par René-Maurice Gattefossé, ingénieur chimiste et parfumeur qui s’intéressa aux vertus thérapeutiques des huiles essentielles. C’est un peu plus tard dans l’histoire que Pierre Franchomme et le Dr. D.Penoel démontrèrent, à partir de l’analyse des composants biochimiques des huiles essentielles, leurs puissantes actions thérapeutiques, connues empiriquement depuis si longtemps. C’est ce que nous étudions dans notre formation.

La concentration des molécules aromatiques

La concentration des molécules aromatiques d’une plante à partir de la distillation explique l’efficacité d’une huile essentielle. Ces fractions aromatiques permettent à la plante de se protéger des insectes, des champignons et de toutes les agressions qu’elles pourraient subir.

Les travaux du Dr Jean Valnet

Les travaux du Dr Jean Valnet, médecin et chirurgien, sur les indications thérapeutiques et sur les mesures bioélectroniques des huiles essentielles vinrent compléter l’approche moderne de l’aromathérapie. Le Dr Valnet démontra dans son livre sur l’aromathérapie l’importance des coordonnées bioélectroniques des huiles essentielles qui sont généralement légèrement acides, avec une résistivité élevée, ce qui a des conséquences favorables sur le terrain. Les huiles ne s’attaquent pas uniquement aux bactéries, elles modifient défavorablement le terrain pour ces micro-organismes qui ne peuvent plus survivre et se développer. Elles agissent d’abord sur le terrain en le modifiant, et sur l’agent pathogène en le détruisant, sans que les doses soient nécessairement importantes. De plus, certaines huiles ont la capacité de dissoudre et drainer les acides hors de l’organisme. Enfin, lorsqu’elles sont diffusées sous forme de “brouillard” et non chauffées sur une lampe, elles ont un pouvoir antiseptique très puissant pour l’environnement. L’utilisation des huiles essentielles dans le domaine thérapeutique est incontournable dans toute approche de la santé par les méthodes naturelles.

Contrairement à ce que son nom suggère

Contrairement à ce que son nom suggère, une huile essentielle volatile n’est pas une huile végétale grasse et dense. C’est un liquide obtenu après distillation de la plante qui a permis de séparer les substances aromatiques, très volatiles, du reste de ses composants. Le mot “huile” est utilisé afin de souligner que cette forme n’est pas soluble dans l’eau comme une huile végétale (grasse). Si l’on verse quelques gouttes d’huile essentielle dans un bain, on constate qu’elles restent en surface sans se mélanger à l’eau. Une huile essentielle, versée sur une feuille de papier, ne la tache pas, contrairement à une huile grasse.

Procédé de fabrication

Le procédé le plus courant est la distillation à la vapeur d’eau (alambic), qui consiste à placer dans une grande cuve la plante, la fleur, la feuille ou l’écorce avec de l’eau. On chauffe afin de faire monter doucement en température pour permettre à la vapeur d’entraîner les molécules aromatiques, très volatiles. Cette vapeur se dépose le long d’un tube et se condense, en se refroidissant, pour retomber dans un “vase florentin”. Cette autre partie du système recueille alors deux liquides : l’eau florale dans sa partie basse et l’huile essentielle en surface. On sépare ensuite les deux parties pour un usage différent.

Il existe un nouveau procédé moderne, l’extraction supercritique qui utilise le gaz carbonique dans sa phase intermédiaire entre l’état gazeux et l’état liquide (phase supercritique), ce qui permet une extraction sous vide sans échauffement de la plante. Cette méthode un peu plus complexe à mettre en œuvre permet d’extraire certaines molécules qui ne le sont pas toujours par la méthode traditionnelle.

Les eaux florales ou hydrolats sont utilisées en cosmétique mais elles peuvent également être utilisées pour les enfants. Nous connaissons tous “l’eau de fleur d’oranger” pour ses vertus apaisantes et son usage culinaire. Dans l’eau florale subsistent souvent un léger parfum issu des molécules aromatiques ainsi que quelques molécules très diluées mais toujours actives. Toutefois, l’huile essentielle contient la quasi-totalité des principes actifs qui nous intéressent.

Les zestes – citron, orange, mandarine

Les zestes – citron, orange, mandarine – sont également des huiles essentielles, extraites par un autre procédé de pression et de centrifugation. C’est ce que nous faisons lorsque nous pressons ou plions une peau d’agrume entre les doigts et que nous voyons s’échapper des gouttes qui sont, en fait, l’huile essentielle.

Les plantes les plus fréquemment distillées sont les suivantes :

  • Les épices ou les aromates, comme l’ail, l’oignon, le basilic, la cannelle (feuille ou bois), le cumin, la cardamome, la coriandre, l’estragon, le gingembre, le girofle (clous ou feuilles), le laurier-sauce, la menthe, la marjolaine, la muscade, l’origan, le poivre noir, le persil, le romarin, la sauge, la sarriette, le thym…
  • Les plantes connues pour leurs vertus médicinales comme l’aneth, le bouleau, la camomille, le cyprès, l’eucalyptus, le genévrier, la verveine, la lavande, le myrte, la mélisse, le pin, le sapin, l’ylang-ylang…
  • Les agrumes, comme l’orange douce, l’orange amère, le pamplemousse, le citron, la mandarine…
  • Les herbes, comme la citronnelle, le lemon-grass, la gaulthérie, le géranium rosat (pélargonium)…
  • Les racines, comme le gingembre ou le vétiver.
  • Les bois et les résines, comme l’oliban (appelé communément encens), le santal, le camphrier…
  • Et bien d’autres plantes comme l’anis vert, le bay, le cajeput, le cryptomeria, l’hysope, la myrrhe, le niaouli, le pétasite (sorte de poivre), le ravintsara, le sassafras, le thuya, viennent compléter cette liste, loin d’être clôturée.

Les progrès en biochimie ont permis de déterminer quelles étaient les molécules chimiques actives dans les huiles essentielles et de connaître leur action thérapeutique.

Par exemple, les phénols et les monoterpenols sont principalement immunostimulants, antiseptiques, virocides (virus), bactéricides, fongicides (champignons – mycoses), antiparasitaires. Les huiles qui contiennent majoritairement des phénols sont les thyms, la menthe poivrée, l’origan compact, le girofle, la sarriette…

En revanche, les huiles à phénols présentent un inconvénient qu’il ne faut pas négliger, c’est leur extrême causticité. Elles brûlent la peau et les muqueuses, il convient d’être très prudent en les utilisant et de toujours les diluer avec une huile végétale grasse (10% d’huiles essentielles mélangées à une huile végétale).

C’est d’ailleurs une recommandation, que nous faisons ici de ne jamais utiliser d’huile essentielle pure. Seul un praticien expérimenté les connaît suffisamment et peut vous conseiller sur l’usage d’une huile pure.

Par ailleurs, la partie de la plante utilisée ne donne pas le même résultat quant à la qualité de l’huile et à sa composition, ses propriétés seront variables en fonction de la partie distillée ; ainsi, l’huile essentielle de feuille de cannelier n’a pas la même composition et la même concentration que l’huile essentielle de l’écorce.

L’origine géographique influence également cette composition : ainsi, une huile de thym n’a pas les mêmes caractéristiques selon que la plante pousse à basse altitude, en bord de mer, ou en moyenne montagne. Ses indications sont différentes : l’une, plus douce – le thym à linalol (montagne) conviendra mieux aux enfants car moins agressive, l’autre, plus puissante – le thym à thymol (basse altitude-mer) est utilisée chez l’adulte sur des infections sévères.

Le temps de distillation est différent pour chaque plante et il est important de respecter cette règle, faute de quoi une huile distillée trop rapidement peut ne pas contenir toutes les fractions aromatiques indispensables à son efficacité.

Enfin, la connaissance précise et sans équivoque du nom botanique latin, sa variété, son origine et la partie utilisée est primordiale, afin de ne pas commettre d’erreur. Ici, plus qu’ailleurs, ces indications sont de première importance. Il y a plusieurs espèces de lavande, de thym, près de 500 espèces d’eucalyptus dans le monde : une vingtaine est répertoriée pour leurs vertus thérapeutiques, souvent très différentes, et quelques-unes sont distillées et utilisées en aromathérapie.

En France, seul le terme “huile essentielle naturelle” doit être utilisé pour désigner cette forme galénique si particulière, les termes “essences de…”, “alcool de…” ou “huile de…” sont employés pour désigner des préparations à base d’huiles essentielles, quelquefois naturelles, mais bien souvent reconstituées avec des molécules de synthèse. La prudence est donc conseillée!

Voici par exemple, la désignation correcte que l’on doit trouver sur une étiquette :

Cannelier

Huile essentielle naturelle

Cinnamomum verum à eugenoliferum (fe.)
Ceylan

Composée principalement de :

  • Phénols : eugénol environ 70 à 85%
  • Esters : benzoate de benzyle, acétate d’eugényle, acétate de cinnamyle environ 10%
  • Sesquiterpènes : bêta-caryophyllène environ 8%
  • Aldéhydes aromatiques : cinnamaldéhydes environ 3%
  • Ainsi que de monoterpènes

Ou

Cannelier

Huile essentielle naturelle

Cinnamomum verum (éc.)
Ou Cinnamomum zeylanicum (éc.)
Ceylan

Composée principalement de :

  • Cinnamaldéhyde : environ 62,5%
  • Eugénol : environ 4%
  • B-Caryophyllène : environ 3,5%
  • Linalol : environ 2%
  • Cinéole : environ 2%
  • Ainsi que de traces d’esthers et de coumarines

En aucun cas, on ne doit acheter un produit dont la désignation serait aussi évasive que :

Essence naturelle de cannelle ou huile de cannelier.

L’arôme d’une huile ne suffit pas à déterminer sa qualité, l’industrie agroalimentaire et l’industrie cosmétique savent parfaitement copier des fragrances en les reconstituant avec des molécules chimiques évidemment moins chères à reproduire, puisqu’il suffit de dupliquer une molécule dont on dispose en stock. Il faut donc s’assurer de la qualité et de la provenance d’une huile essentielle auprès de professionnels capables de prendre en compte ces critères et de ne pas traiter à la légère ce domaine de la phytothérapie.

Les huiles essentielles n’ont certainement pas encore dévoilé tout leur mystère, elles attirent, repoussent, apaisent, stimulent, changent même notre humeur. Les informations olfactives et énergétiques qu’elles véhiculent sont tout aussi étonnantes. Il reste à explorer ces domaines et certains, de façon intuitive depuis quelques années, se penchent sur ces approches plus subtiles.

Les huiles essentielles sont un monde à part entière où bien des découvertes restent à faire.

Les précautions d’emploi

Avoir chez soi quelques huiles essentielles pour un usage courant est tout à fait possible. Mais étant donné le danger qu’elles représentent en cas d’ingestion ou d’application intempestive ou inappropriée, il faut absolument respecter les règles de sécurité suivantes :

  • Stocker les huiles essentielles hors de portée des enfants, de préférence dans un placard fermé à clef. Certains goûts peuvent les attirer (citron, mandarine, cannelle…) et ils peuvent en ingérer en quantité importante.
  • Ne jamais les ingérer, sauf sur les conseils d’un praticien qualifié, et s’en tenir strictement au dosage conseillé et sur la durée indiquée. Ne jamais donner à un enfant de moins de trois ans, en externe ou en interne, sans l’avis d’un thérapeute qualifié ou d’un pharmacien.
  • Deux à trois gouttes par jour d’une huile essentielle peuvent être très efficaces, 10 gouttes peuvent avoir des conséquences tragiques !
  • Toujours avoir à portée de la main l’antidote que sont les corps gras, huile végétale (olive, arachide, tournesol…), à défaut un corps gras solide, beurre, karité, graisse de palme, graisse animale. En cas d’ingestion accidentelle, faire avaler plusieurs cuillères à soupe d’huile végétale et consulter immédiatement un médecin ou se rendre aux urgences (ou téléphoner au centre antipoison). En cas de brûlure après un usage externe sur la peau, appliquer immédiatement un corps gras.
  • Utiliser la plupart des huiles essentielles en externe (sur la peau) diluées dans un corps gras, éviter les parties sensibles (la bouche, les organes génitaux, l’anus et les yeux). En général 10 à 20 % d’huile essentielle et 80 à 90 % d’huile végétale conviennent. Pour obtenir facilement cette proportion, on achète un flacon d’huile végétale de 100 ml (amande douce, germe de blé, macadamia, noisette…) et un flacon de 10 ml d’huile essentielle. En les mélangeant, on obtient un mélange légèrement inférieur à 10 %.
  • Toujours faire un test sur le creux du poignet avant toute application plus générale. Si aucune réaction locale ne se manifeste dans les minutes qui suivent c’est qu’il y a une bonne tolérance à l’huile essentielle.

Avertissement : Les huiles essentielles ne peuvent en aucun cas remplacer un traitement médical, elles ne peuvent que le compléter ou le soutenir. En cas de doute, il convient de consulter son thérapeute, son médecin ou son pharmacien. L’usage des huiles essentielles, même en très petite quantité, n’est pas anodin, elles peuvent rapidement devenir dangereuses si l’on ne respecte pas les doses conseillées par le praticien.

1 R.M. Gattefossé (1881-1950), Aromathérapie, les huiles essentielles hormones végétales, éd. Librairie des sciences Girardot, 1937

2 L’Aromathérapie Exactement Éd. Roger Jolois, 1990.

3 Aromathérapie, Traitement des maladies par les essences des plantes, Paris, éd. Le Livre de Poche 964 et Éd. Robert Laffont – 1976 .
4 De l’arabe al-anbîq « chapiteau d’une cornue » et certainement par emprunt au mot grec ambix « vase ».

Devenir naturopathe

Devenir naturopathe

Devenir naturopathe
Pourquoi choisir notre formation
En présentiel ou en format hybride ?